Je vous appelle à la rescousse Je vous appelle à mon secours Femmes en qui j'ai pris ma source Mais dont l'image tourna court Qui ne demeurez dans l'histoire Que sous la forme de portraits Ô vous, dont l'œuvre dérisoire Jour après jour se défaisait Je vous appelle et je commence Derrière l'immobilité De vos maintiens de convenance À deviner la vérité Et quand monte en moi la colère Que, désespérément, je crois Retrouver au bout la lumière C'est vos visages que je vois Y a qu'à voir la gueule à Madeline Avec son bonnet à tuyaux Y a qu'à voir la gueule à Mathilde Assise devant son piano Toi, paysanne aux mains rugueuses Reposant sur le tablier Pouvant pas être malheureuse Ignorant même ce que c'est Je ne peux croire que la force Qu'en ton regard calme je vois De jour en jour, de gosse en gosse Soit pas arrivée jusqu'à moi Ai-je ta volonté farouche Toi, la femme du bûcheron Toi, l'inconnue périe en couches Dont je ne sais même le nom? Mère de qui m'apprit à coudre La silencieuse Marie Mais que d'orages, que de foudres Réduits sous tant de broderies Y a qu'à voir la gueule à Madeline Avec son bonnet à tuyaux Y a qu'à voir la gueule à Mathilde Assise devant son piano Toi, l'opposée, toi, la bourgeoise Ô toi, mon deuxième versant Que de ténacité narquoise Je trouve en ton regard perçant Sans hériter, Dieu m'en préserve De toute ta malignité Je voudrais qu'en moi se conserve Ta terrifiante volonté Anna mourut de son cœur tendre Sa fille a tenu plus longtemps Je vis, j'essaie de comprendre Et je m'égare trop souvent Mais quand la vie se fait plus dure Je pense à elles et je repars Je veux sauver leur aventure Je veux qu'il ne soit pas trop tard Je veux garder la gueule à Madeline Avec son bonnet à tuyaux Je veux garder la gueule à Mathilde Assise devant son piano