Tu as débarqué chez nous Avec, dans ton maigre bagage Une grande espérance Tu sais que si on te renvoie chez toi Tu seras emprisonné Et plus personne n'entendra parler de toi À peine es-tu arrivé chez nous, qu'on t'enferme Parfois avec femme et enfants, on te tabasse On te refait ce que tu as déjà enduré chez toi Tu supplies qu'on te donne un laissez-passer Un visa pour la vie, plutôt que pour l'éternité Tu es un demandeur d'asile Si tu ne trouves pas asile ici Tu trouveras asile de l'autre côté Tu attends un billet pour la mort ou pour la liberté Mon voisin me dit "Qu'est-ce que tu racontes? Ce que tu dis, ça se passe ailleurs, pas ici " Hélas, mon voisin, ça se passe tout près À deux pas de chez toi Et toi et moi, nous marchons libres dans le soleil Sais-tu que rien n'est sûr, sur cette boule ronde? Sais-tu que ce qui est sûr, c'est que rien n'est certain Et que nous pourrions devenir, toi comme moi, des sans-papiers? Que sait-on de l'avenir, dans le tohu-bohu de ce temps? Si cela arrivait par malheur Alors, il ne faudrait pas nous étonner que nous soyons traités Comme nous avons traité chez nous les sans-papiers