Détourne gentil berger tes yeux du vallon noir Où je me tiens vautrée un jeune saule aux lèvres. Rentre en ta bergerie tes moutons et tes chèvres. Je suis nue et j'ai soif. Il fait trop chaud ce soir. D'autres qui viendront, quand s'allumera la lune, Explorer les taillis de mes quatre toisons, Feront mon escalade comme de jeunes oisons, Glissant entre mes seins ainsi qu'entre deux dunes. Nul besoin de guitare de bouquets ni de gants Pour obtenir de moi des voluptés confuses, Je suis ouverte à tous: il suffit que l'on use De mon ventre comme d'un luxurieux toboggan. Ben oui quoi je suis la géante, La géante du vallon noir, Celle qui vous affole et qui hante Dans les chaumières et les manoirs Vos libidos ahurissantes. Ben oui quoi je suis la géante... Si je les ai tous eus je n'en regrette qu'un Qui n'était brute épaisse ni seigneur mirifique Mais simple entiché d'art cinématographique. Oh combien je l'aimais le cher petit rouquin. Je nous revois encore au sommet de la tour, Notre ultime refuge à l'abri des humains. Il était étendu dans le creux de ma main Et je le protégeais du lourd vol des vautours. Il m'avait proposé de me faire un marmot A l'issue d'une nuit choisie pour la plus longue. Il me baisait partout et m'appelait Queen-Kong. Hélas il est tombé en répétant ce mot. Vous ne supportez pas les trop grands sentiments: Acis et Galatée mais non point Polyphème Et puisque vous savez comme il faut que l'on aime, Venez vous engloutir minuscules amants. Descendez en mes gouffres, mes avens, mes abysses, O spéléos d'amour aux désirs impudents. Ignorant que je puis, d'un simple coup de dent, Casser le fil vous liant comme sont liées les saucisses. Jamais ne reverrez le joli vallon noir, Ni ses taillis ombreux striés du saut des lièvres Où je me tiens vautrée pour assouvir vos fièvres. Hâte ton pas berger il fait trop chaud ce soir.