Venez jusqu'à moi, bergers sans troupeau Nobles rejetons ou filles de bâtard Bêtes de concours, cadors ou corniauds Priez votre mère la Madone des clébards Venez jusqu'à moi pleurer vos misères Aboyer vos craintes et japper vos histoires Chasseurs ou gardiens, compagnons de guerre Priez votre mère la Madone des clébards Vous qu'on a dressés à montrer les dents À gronder, à mordre de toutes vos mâchoires Oreilles taillées pour sembler méchants Priez votre mère la Madone des clébards Vous qu'on a menés à tant de sacrifices Martyrs des arènes ou des laboratoires Première dans l'espace ou dernier en lice Priez votre mère la Madone des clébards Vous qu'on a aimés, parfois trop et mal Bichons à mémères, obèses et pantouflards Où qu'est le nonos, où n'est la baballe? Priez votre mère la Madone des clébards Vous qui aimez tant, c'est votre faiblesse À l'égal d'un dieu n'importe quel connard La main qui caresse comme la main qui blesse Priez votre mère la Madone des clébards Vous qu'on a laissés sans laisse à vos cous Nourris de poubelles, dormant au dépotoir Maigres va-nu-pattes entre chiens et loups Priez votre mère la Madone des clébards Vous les oubliés, enfants des fourrières Jetés au fossé un matin de départ Tout seuls attachés sous un réverbère Priez votre mère la Madone des clébards Venez jusqu'à moi et pardonnez-leur Les humains sont bien des animaux bizarres Qui donnent amour autant que malheur Priez votre mère la Madone des clébards Venez jusqu'à moi sans chaîne et sans peur Et si vous rêvez d'un paradis, de gloire Ou coursez sans fin les chats et les facteurs Suivez votre mère la Madone des clébards Suivez votre mère la Madone des clébards