À force de nuits blanches Et petits matins blêmes À force de dimanches Comme n'importe quel jour de semaine À force de ce système Méchant et bête Où on te balance à la benne Quand t'es obsolète À force de ces regards De pitié, d'indifférence À force de ces boulevards Qui croulent sous l'opulence De mendier, la mort dans l'âme À vot' bon cœur M'sieurs Dames Tendre la main, courber l'échine L'amour-propre en sourdine On s'dit que ça n'arrive qu'aux autres On pense que c'est sûrement un peu de leur faute On ne s'imagine pas un jour sans-abri Pas moi, mais si, mais si, mais si... À force de rêver D'un repas et d'un lit chaud À force de m'réveiller transi Sur une bouche de métro. À force d'être à bout de force De marcher dans le désert J'en deviens féroce Avec l'Humanité entière Qui dit que ça n'arrive qu'aux autres Qui pense qu'c'est sûrement un peu de ma faute S'imagine pas un jour sans-abri Pas moi, mais si, mais si, mais si. Regarde-moi, mais si, mais si, mais si... Mais si, mais si, mais si...