J'ai pleuré pour l'enterrement Pour l'enterrement de la lune Deux fossoyeurs vêtus de blanc Plantaient leur drapeau sur ses dunes Ce fut un sale mois de juillet Et sur les journaux à l'une On vit longtemps son corps souillé D'une vulgaire tâche brune J'ai pleuré pour l'enterrement Du rêve et des sonates au clair D'Arthur, Verlaine et leurs enfants Cent mille ans de promesses en l'air J'ai vu de sinistres savants Sabrer en s'essuyant les pieds Sur cet astre aux reflets d'argent Un champagne aux bulles viciées J'ai pleuré pour l'enterrement Pour l'enterrement de la lune Deux croque-morts sautaient gaiement D'un cabriolet de fortune Armstrong et Collins, quel dommage Pour moi vous étiez dans le jazz Soufflant en notes vers les nuages Quelques unes de plus belles phrases J'ai pleuré pour l'enterrement Du rêve et des sonates au clair D'Arthur, Verlaine et leurs enfants Et de ces lunes qu'eux décrochèrent Ce fut un sale mois de juillet Et sur les journaux à l'une On vit longtemps son corps souillé D'une vulgaire tâche brune