J'fume une cigarette, posé au Carré Saint-Louis Émile Nelligan qui me dévisage J'ai entendu mes fantômes me parler cette nuit Serait-ce un oasis ou un mirage Leurs mots vivent sans faire le moindre bruit Leurs paroles sont gravées dans mon crâne Ils connaissent mieux que moi qui je suis Ils ont vu les fins fonds de mon âme Encore trop défoncé au parc du Portugal Leonard Cohen qui me dévisage J'ai navigué le Styx jusqu'aux portes du mal J'ai envie de rester sur le rivage J'ai trop d'idoles Je ne sers à rien si mon nom ne finit pas à côté des leurs Bédo, j'm'isole Je vais perdre la main si mon ombre me renier d'affronter mes peurs Je sais pas d'où j'viens, j'me demande où je vais Jack Kerouac qui me dévisage J'suis beaucoup trop jeune pour avoir des regrets La route peut changer au prochain virage Disparaître, sans faire paraître Que l'on rate nos vies Mal à l'être d'être sédentaire Il faudrait que j'fuis Mais la neige Bloque ma fenêtre C't'un jardin de givre J'veux renaître, tuer la bête Qui dort sous mon lit J'fume une cigarette, posé au Carré Saint-Louis Émile Nelligan qui me dévisage J'ai entendu mes fantômes me parler cette nuit Serait-ce un oasis ou un mirage