Je me dépouille devant la glace Et je ne me reconnais pas Je m'épile docile Je m'épile docile À saumure et à fleurs À travers les candélabres Et les gris-gris Et le vin de palme Les messes noires Et les orgies solitaires J'entre dans ma bière Et m'éviscère de mes peines Et me macère dans les rêves Et ne conserve que le goût De toi À remâcher le passé Je l'ai dévoré Et laisse aérer le voile Parfumé d'âme soûle Mes restes en déboulent Et je m'égare entre les momies Et j'ai mal au cœur Au corps Et ma pensée meurt Au milieu des fossiles Et dans le néant Je n'ai plus d'ordre fixe Je perds la tête Je perds la boule Je me réfugie dans la foule À travers les cannibales Et les barracudas L'humanité Quelle manie! Je quête Des bouchées de baisers D'aubes folles Je t'aime Je t'aime T'as tout fait pour m'emmener là À relire sans cesse l'Hiver de Force Et mes vieux livres de fesses Et mon journal intime J'en ai même des copies Pour toi Pour toi Pour toi Le cerveau Dans la houle J'attends la marée Molle et moite Je me remords Et me regratte Enfermé dans ma cage à songes Je fais des rondes Et des poèmes Le cœur enveloppé Dans la dentelle Et la térébenthine Dans ma carcasse vide Je t'aime Je t'aime Je t'aime