Où vis-tu, Pauline, à présent? Est-ce que tu t'appelles autrement? Quatre fois les roses ont fleuri, depuis que tu n'as plus écrit Ta maison reste inoccupée comme ta place à nos côtés Bien souvent, tu nous as manqué, ton silence a laissé les clefs Au village ici, tout va bien, Hélène y croit de moins en moins Mais elle prépare encore pourtant l'anniversaire pour les enfants Comment fait-on pour retrouver quelqu'un qui veut vivre caché Pour échapper à son passé quand nul n'a pu la protéger? Les femmes ont-elles une autre issue Quand elles sont menacées, battues Que de se fondre dans la nuit pour espérer rester en vie? Mais peut-être aurait-il suffi qu'on regarde d'un peu plus près ta vie Tu as résisté, combattu, assumé, fait face et tenu Devant la honte et la souffrance jusque dans l'indicible outrance Tu t'étais presque résignée lorsque la mort s'est approchée Il s'en est fallu d'un instant mais pour l'amour de tes enfants Tu as appelé au secours en supposant, dans ce recours Que ton calvaire allait finir mais le pire était à venir Et c'est toi qui as dû t'enfuir en laissant là tes souvenirs Couper les ponts vers le présent, t'arracher à ta vie d'avant Abandonner tous tes amis, les protéger peut-être aussi Contre la violence ordinaire sans que quiconque ait rien pu faire Pour toi-même et pour les petits, exposés à la peur ici Disparaître était ta seule chance pour continuer votre existence Où vis-tu, Pauline, à présent? Fais-nous signe si tu m'entends Quatre fois les roses ont fané depuis que tu nous as quittés Ta maison reste inoccupée comme ta place à nos côtés Bien souvent tu nous as manqué, la violence a laissé les clefs Mais sans doute aurait-il suffi qu'on regarde d'un peu plus près ta vie.